« Okapi : Parlez-nous de votre grande spécialité: la pirouette.
Nicole Hassler : -C’est vrai, je tournais à des vitesses faramineuses, et je n’ai jamais été battue dans le nombre de tours: j’en faisais 70 ou 80.
Mais il y a un gros inconvénient à ce genre de record : tout votre sang va aux extrémités, dans les doigts. Ça fait mal. J’avais des plaques de sang sur les bras. Aujourd’hui, à cause de cette folie de pirouettes, j’ai des problèmes de circulation.
Pourquoi cette passion des pirouettes? Quand j’étais gamine, mon père, qui était aussi mon entraîneur, m’avait dit qu’il me donnerait 1 franc à chaque fois que je ferais dix tours de plus. Avec 1 franc, à l’époque, on pouvait s’acheter un tas de trucs.
Bien souvent, je m’entraînais dans des patinoires découvertes, par – 25°. Pour me réchauffer, hop ! une pirouette. Je tournais une jambe tendue en l’air, le sang affluait au bout. Mais comme je ne savais tourner que d’un côté, je me réchauffais toujours le même pied. L’autre restait glacé.
Okapi : Comment retrouve-t-on ses esprits après de telles pirouettes ?
Nicole Hassler : Au début, c’était terrible. Lorsque je m’arrêtais, j’étais instantanément plaquée au sol. J’étais foudroyée, comme par un aimant géant. A chaque fois que j’essayais de me relever, j’étais plaquée sur la glace. Je me faisais horriblement mal … Finalement, je me suis aperçue que je devais attendre que la balustrade cesse de gigoter. Lorsqu’elle redevenait horizontale, alors seulement, je pouvais me relever. » (OKAPI, Sept 1986)